Depuis plus de 30 ans, le Réseau a joué un rôle central dans la recherche sur le VIH au Canada. Nous nous trouvons maintenant au milieu d’une autre crise sanitaire mondiale alors que l’impact de la COVID-19 continue de s’alourdir. Il reste encore beaucoup de questions à résoudre au sujet de cette maladie : ses répercussions sur les personnes vivant avec le VIH, les conséquences qu’elle pourrait avoir sur nos populations les plus vulnérables et la façon de protéger la santé des populations partout dans le monde.

L’impact de la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) n’est pas encore entièrement connu. Rien n’indique pour l’instant que le taux d’infection au coronavirus soit plus élevé ou que l’évolution de la maladie soit différente chez les PVVIH comparativement à la population séronégative. Selon les données actuelles, les facteurs de risque d’atteinte sévère par la COVID-19 sont l’âge, le sexe masculin, l’obésité et certains problèmes de santé chroniques, comme la maladie cardiovasculaire, la maladie pulmonaire et le diabète.

Même si les PVVIH actuellement traités qui ont une numération normale de leurs lymphocytes T CD4 et une suppression virale ne sont pas exposés à un risque plus élevé de maladie grave, beaucoup d’entre eux présentent d’autres problèmes de santé qui exacerbent le risque. En effet, près de la moitié des PVVIH au Canada ont plus de 50 ans, et les problèmes de santé chroniques, notamment de nature cardiovasculaire et pulmonaire, sont fréquents chez eux. Même s’il n’y a aucune preuve à cet effet, on pourrait supposer que l’immunosuppression, qui se manifeste par un taux faible de lymphocytes T CD4 (< 200/µl), ou le fait de ne pas recevoir d’antirétroviraux, sont aussi associés à un risque accru de maladie plus grave. Pour les patients dont le taux de CD4 est faible (< 200/µl), ou qui connaissent une baisse de leurs CD4 durant un épisode de COVID-19, il faut se rappeler d’instaurer la prophylaxie anti-PPJ contre les infections opportunistes (IO) pour tenter d’éviter la surinfection.

Le tabagisme étant un facteur de risque à l’égard des infections pulmonaires, il faut en encourager l’abandon, et également mettre à jour les vaccins antigrippaux et antipneumococciques.

Traitement contre la COVID-19 : Antirétroviraux et autres options

Plusieurs essais cliniques sont en cours partout dans le monde afin de trouver des traitements contre la COVID. De nombreux investigateurs du Réseau partagent leur expertise et participent à la conception et à la réalisation de telles études au Canada. L’infection au VIH n’est pas un critère d’exclusion pour la participation à ces essais cliniques.

La discussion se poursuit, de même que la recherche sur certains antirétroviraux pour le VIH qui pourraient exercer une activité contre la COVID-19. Le premier essai clinique randomisé sur le lopinavir/ritonavir n’a révélé aucun avantage par rapport aux soins standards chez 199 adultes hospitalisés pour une atteinte sévère par la COVID-19. Toutefois, les patients étudiés présentaient une maladie avancée et leur traitement a débuté tard. On ignore s’il y aurait des avantages à traiter plus tôt au cours de la maladie ou à titre prophylactique. Rien n’appuie le recours à d’autres antirétroviraux, tels que les inhibiteurs de la protéase; en effet, l’analyse structurelle démontre que le darunavir ne se lie aucunement à la protéase de la COVID-19.

Une récente série de cas sur l’hydroxychloroquine (un agent utilisé pour traiter le lupus et d’autres maladies rhumatismales), avec ou sans azithromycine (un antibiotique), n’a révélé aucun avantage clinique net, malgré l’inhibition in vitro du SRAS-CoV-2, en raison de problèmes méthodologiques, même si le même groupe a postulé un certain contrôle de l’infection sous forme d’élimination virale plus rapide, en l’absence d’un groupe témoin à des fins comparatives.

Un autre médicament potentiel pour le traitement de la COVID-19 est le remdésivir, initialement mis au point pour traiter l’Ebola. Le remdésivir est doté d’un vaste spectre d’action antivirale in vitro contre le SRAS-CoV-2. Les premiers cas de COVID-19 traités par remdésivir suggèrent un avantage clinique potentiel. On attend impatiemment les résultats des essais cliniques en cours.

Les investigateurs du Réseau surveillent étroitement ce genre d’études. Pour l’instant, rien ne confirme qu’un traitement est efficace, et nous encourageons quiconque reçoit un diagnostic de COVID-19 à envisager la participation à un essai clinique. La Dre Alice Tseng a mis à jour son appli pour le traitement médicamenteux du VIH/VHC afin d’inclure toute interaction médicamenteuse potentielle entre les traitements expérimentaux et les médicaments anti-VIH.

Rien ne justifie actuellement que l’on fasse passer un patient de son traitement antirétroviral habituel à une autre modalité. Un tel changement pourrait avoir des conséquences négatives, tels que de nouveaux effets indésirables ou la perte de contrôle viral. De plus, rien n’appuie le recours à des antirétroviraux chez des individus séronégatifs en dehors du contexte de la prophylaxie préexposition (PPrE) pour prévenir la contamination par le VIH. La PPrE devrait être prise selon les indications et rien ne montre actuellement qu’elle est efficace contre la COVID-19.

Il est important de rester en contact avec votre équipe soignante pour toute question et de vous assurer d’avoir une quantité suffisante de votre médicament étant donné que nous ignorons combien de temps encore dureront l’épidémie et les restrictions. Suivez les recommandations de la santé publique au sujet du maintien de la distanciation sociale et prenez soin de vous.

Ressources

COVID-19 et VIH : Ce que vous devez savoir (Société internationale du SIDA)

Ressources sur la COVID-19 (CATIE)

Conseils provisoires sur la COVID-19 et les personnes vivant avec le VIH (ministère américain de la Santé et des Services sociaux)    

Écrit par :

CTN Communications

The Communications Department assists Investigators, members, and staff in describing the work done at the Network and tell stories about the impact of the CTN.