Le VIH et le vieillissement

En raison du succès du traitement antirétroviral (TAR) moderne et de l’augmentation de l’âge moyen des nouveaux diagnostics de VIH, la population de canadiens vivant avec le VIH vieillit. En fait, plus de 50 % des Canadiens atteints du VIH ont à l’heure actuelle plus de 50 ans. Le vieillissement en soi est un processus complexe et mal compris, qui est vécu différemment selon les personnes. Comme pour toute affection chronique, l’interaction entre le VIH et le vieillissement accroît cette complexité et présente un ensemble unique de défis pour les personnes vieillissant avec le VIH, les prestataires de soins de santé, les chercheurs et les organismes de lutte contre le VIH. En outre, comme nous voyons des jeunes nés avec le VIH ou qui ont contracté le VIH pendant l’enfance vivre jusqu’à l’âge adulte, il est de plus en plus important de surveiller les signes de vieillissement précoce dus à l’infection elle-même ou à son traitement.

Le rôle du Réseau

Au fil des ans, le Réseau canadien pour les essais VIH (Le Réseau) a participé à des recherches visant à comprendre, prévenir et gérer les complications de santé liées au VIH. Cette recherche a été modifiée en conséquence afin de rester à jour dans le domaine et de refléter l’évolution des priorités de recherche et des données démographiques.

Le Réseau est organisé en équipes de recherche spécialisées, une structure qui favorise la concentration des discussions et le développement de nouveaux essais cliniques et d’initiatives de recherche. L’équipe du Perfectionnement de la gestion clinique (PGC) chapeaute la majorité des travaux de recherche du Réseau liés au VIH et au vieillissement. L’équipe du PGC mène des recherches cliniques visant à créer des connaissances fondées sur des preuves qui optimisent l’engagement dans la cascade de soins du VIH au Canada et elle est codirigé par les Drs Jason Brophy et Madeleine Durand.

Dr Jason Brophy et Dre Madeleine Durand

Ce que nous savons sur le VIH et le vieillissement

L’interaction entre le VIH et le processus de vieillissement est non seulement complexe mais aussi souvent compliquée par la présence d’autres maladies, de médicaments, de problèmes de santé et de déterminants bio-psycho-sociaux complexes. Une grande partie de ce que nous savons dans ce domaine provient d’études d’observation qui suivent de grands groupes de personnes vivant avec le VIH.

Le VIH et le vieillissement : Les concepts principaux

Le vieillissement affecte tous les systèmes organiques et les maladies liées au vieillissement comprennent les maladies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale, l’ostéoporose, le cancer et les troubles neurocognitifs. Certaines études montrent que des affections telles que l’ostéoporose et la fragilité surviennent environ 5 à 10 ans plus tôt chez les personnes séropositives que dans la population générale. D’autres recherches montrent que des affections telles que les maladies cardiovasculaires et les troubles rénaux et hépatiques s’aggravent. Les processus qui sous-tendent ce phénomène sont incomplètement compris et le vieillissement accéléré ou accentué n’est pas observé chez toutes les personnes séropositives. Des études suggèrent que les circonstances liées au risque comportemental, comme le tabagisme et une mauvaise alimentation, peuvent être plus fréquentes chez les personnes séropositives, ainsi qu’une plus grande prévalence de la dépression. L’exposition globale aux antirétroviraux, en particulier aux médicaments plus anciens et plus toxiques, ainsi que le degré d’épuisement immunitaire avant le début du traitement sont également susceptibles d’affecter la dynamique du vieillissement.

Ce que l’on sait du vieillissement avec le VIH est que le système immunitaire reste activé, même lorsque la suppression virale est maintenue, ce qui entraîne un état d’inflammation chronique souvent appelé « inflammation liée à l’âge ». On pense que cette inflammation persistante et de faible intensité est due à plusieurs raisons, notamment la réplication du VIH qui reste caché dans des réservoirs viraux, l’altération et l’endommagement direct du tractus gastro-intestinal (connu sous le nom de fuite intestinale [perméabilité intestinale ou intestin poreux] ou de translocation microbienne) et la co-infection par d’autres virus, dont le cytomégalovirus (CMV). La conséquence générale de l’inflammation chronique est le déclin de la fonction, de la réplication et de la santé des cellules immunitaires de l’organisme (cellules T). Un déclin similaire des cellules T est observé tout au long du processus normal de vieillissement. Pour plus d’informations sur l’inflammation chronique et l’activation immunitaire, voir ce court article de blogue ou le Corps pour un aperçu plus approfondi.

Lorsqu’une autre maladie survient en même temps qu’une maladie primaire, le VIH dans ce cas, la maladie secondaire est appelée comorbidité. Les comorbidités peuvent être causées par la maladie primaire ou survenir indépendamment. Les exemples de comorbidités chez les personnes séropositives sont le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires, hépatiques et rénales, et les co-infections telles que l’hépatite C, l’hépatite B et la syphilis. Au début de l’épidémie, les maladies définissant le SIDA comme le sarcome de Kaposi, étaient le résultat de l’infection par le VIH. Maintenant que les personnes séropositives vivent plus longtemps et en meilleure santé, le lien entre le VIH et certaines comorbidités est moins évident. Au contraire, les comorbidités telles que le diabète, l’hypertension artérielle et les troubles neurocognitifs peuvent apparaître plus souvent en raison du vieillissement. Il est difficile de comprendre et de distinguer l’effet du VIH, du TAR et de l’âge sur ces comorbidités. Les facteurs comportementaux, tels que le régime alimentaire et l’activité physique, et les facteurs sociaux tels que le logement, le soutien social et la sécurité alimentaire peuvent également contribuer aux comorbidités.

Observation du VIH et du vieillissement : Étude de cohortes

En raison des lacunes dans notre compréhension du vieillissement avec le VIH, il y a beaucoup à apprendre de la simple observation des personnes vivant avec le VIH qui reçoivent des soins réguliers au fil du temps. Actuellement, la cohorte canadienne VIH et vieillissement (la CTN 272-2) est une étude prospective et observationnelle financée par une subvention d’équipe sur le VIH et la vie saine des IRSC. Cette étude a recruté plus de 1 000 participants VIH+ et VIH–. En suivant les participants pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 ans, cette étude comparera les taux d’événements cardiovasculaires, tels que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les angines ou les douleurs thoraciques, entre les personnes vivant avec et sans le VIH. Ensuite, les chercheurs espèrent comparer les taux de diabète, d’insuffisance rénale et de diminution de la santé osseuse ainsi que les mécanismes et les caractéristiques de ces maladies dans les deux groupes.

Reconnaissant que le sexe est un déterminant majeur du vieillissement, en 2019, la cohorte canadienne du VIH et du vieillissement a été élargie pour accroître le recrutement de femmes. Ses objectifs ont également été élargis pour inclure les déterminants de la fragilité et l’impact du régime alimentaire et du sexe sur le vieillissement avec le VIH, ainsi que les nouvelles voies immunitaires qui pourraient affecter le vieillissement. Vous pouvez en savoir plus sur cette étude de cohorte dans cet article de blogue.

Débutant en 2019, suite à une subvention d’équipe des IRSC, la CTN 314 est la première cohorte gériatrique de personnes vivant avec le VIH au Canada, et se concentre sur les personnes âgées de plus de 65 ans. Avec une forte participation de la communauté, la CTN 314 vise à comprendre les aspects physiques, mentaux, cognitifs et sociaux de la santé et comment ils interagissent pour affecter le bien-être.

A l’autre bout du spectre des âges, la CTN 281 se concentre sur les enfants et les jeunes qui ont contracté le VIH à la naissance ou aux alentours et sur l’impact de l’initiation précoce ou tardive de la thérapie antirétrovirale. Les résultats d’intérêt de l’étude comprennent les réservoirs viraux du VIH et les biomarqueurs liés au vieillissement et à l’épuisement immunitaire. Cette étude continue d’apporter des connaissances importantes sur l’impact du vieillissement avec le VIH dès un très jeune âge.

La collaboration de la Canadian Observational Cohort (CANOC) (la CTN 242) est un partenariat national regroupant neuf cohortes à travers le Canada. Cette cohorte collaborative, qui s’est terminée à la fin de l’année 2022, a suivi plus de 10 000 personnes séropositives qui ont accès à un traitement antirétroviral. Près de 50 % des Canadiens séropositifs qui ont accédé à un traitement depuis 2000 sont inclus dans l’ombrelle CANOC. Une variété d’études et de projets différents ont eu accès à la cohorte CANOC. L’étude des comorbidités, des changements associés au vieillissement et des soins et de la gestion du VIH au sein de la cohorte permet de définir les priorités cliniques et de recherche.

Les analyses et les publications de CANOC ont été déterminantes dans la compréhension actuelle des Canadiens vieillissant avec le VIH. Une collaboration entre la cohorte CANOC et des cohortes au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis a permis d’étudier l’effet du sous-type de VIH sur les résultats à long terme. Une autre analyse a examiné les différences de résultats cliniques chez les personnes vivant avec le VIH et le VHC avec et sans antécédents d’utilisation de drogues injectables. La cohorte CANOC a également participé à une autre grande collaboration de cohorte pour comprendre les taux et les facteurs liés à l’insuffisance rénale terminale chez les adultes nord-américains atteints du VIH.

Une autre cohorte dans laquelle le Réseau est impliqué est la cohorte CARMA (Cellular Aging and HIV Comorbidities in Women and Children). Cette cohorte est une vaste étude financée par le gouvernement fédéral qui examine un large éventail de facteurs de risque associés à des problèmes de santé chez les femmes séropositives ainsi que chez les enfants exposés au TAR pendant leur développement. Une sous-étude de cette cohorte, l’étude CARMA-ENDO (la CTN 277) a comparé la prévalence des complications endocriniennes, métaboliques et reproductives entre les femmes vivant avec et sans le VIH. Ces complications augmentent avec l’âge et peuvent être plus fréquentes chez les personnes séropositives. En collectant des marqueurs du vieillissement cellulaire accéléré – longueur des télomères et altérations de l’ADN mitochondrial, les chercheurs de la CTN 277 cherchent des explications possibles à cette différence. Les résultats de la CTN 277, une étude menée auprès de femmes vivant avec le VIH, ont montré que près des deux tiers des participantes à l’étude présentaient des taux plus élevés de lipides sanguins, comme le cholestérol. Les auteurs ont souligné l’importance de s’attaquer à ce facteur de risque métabolique, ainsi qu’au tabagisme, afin de prévenir les conséquences à long terme sur la santé cardiovasculaire. Vous trouverez ci-dessous de plus amples informations sur le VIH et la santé cardiovasculaire.

L’étude canadienne sur la santé sexuelle et reproductive des femmes vivant avec le VIH (CHIWOS; la CTN 262) est une vaste étude de cohorte prospective communautaire appuyée par le Réseau. L’objectif général de cette étude est d’examiner la distribution, l’utilisation et les facteurs liés aux services de lutte contre le VIH centrés sur les femmes et la façon dont ces services affectent les résultats de santé des femmes canadiennes vivant avec le VIH. En ce qui concerne le VIH et le vieillissement, le groupe CHIWOS étudie, entre autres projets, la relation entre l’insuffisance ovarienne prématurée et la ménopause et le VIH. L’équipe de CHIWOS a publié plus de 50 articles évalués par des pairs depuis le lancement de l’étude.

En 2022, une collaboration entre les cohortes CHIWOS et CARMA a été lancée (The British Columbia CARMA–CHIWOS Collaboration [BCC3]; la CTN 335). Cette étude vise à utiliser une approche collaborative pour comprendre comment les facteurs biologiques, cliniques et sociaux interagissent pour soutenir le vieillissement en santé chez les femmes vivant avec le VIH. L’équipe de la CTN 335 a développé des Vidéos sur YouTube décrivant exactement ce à quoi les participantes peuvent s’attendre lors des visites de l’étude.

Recherche sur le VIH, le vieillissement et la comorbidité

Au-delà de la recherche purement observationnelle, le Réseau a soutenu un large éventail d’études visant à comprendre comment des traitements, des interventions et des conditions spécifiques affectent les différents aspects du VIH et du vieillissement.

Santé cardiovasculaire : D'hier à aujourd'hui

Au début de l’épidémie, le Réseau s’est impliqué dans l’optimisation de médicaments de TAR efficaces et des traitements secondaires pour remédier aux effets secondaires de ces médicaments. À cette époque, la santé cardiovasculaire était considérablement affectée par le TAR, avec une augmentation du cholestérol et des triglycérides (un type de graisse) dans le sang et une progression de l’athérosclérose (durcissement des artères). La CTN 157 s’est penché sur l’impact de deux médicaments (L-carnitine et fénofibrate) sur la réduction des triglycérides sanguins et une sous-étude a examiné l’effet de ces deux approches sur le cholestérol sanguin à jeun, le peptide C (résidu dans la formation de l’insuline) et les niveaux d’insuline. La CTN 178 a testé l’effet de la rosiglitazone (AvandiaMD) dans le but de réduire l’athérosclérose chez les personnes prenant un TAR. Bien que les effets du traitement étudié dans les CTN 157 et 178 ne se soient pas révélés statistiquement significatifs, les deux études ont montré une tendance prometteuse à l’amélioration de la santé cardiovasculaire. Une autre étude, la CTN 175, a utilisé la névirapine pour réduire le taux de cholestérol chez les personnes prenant un traitement antirétroviral contenant un inhibiteur de la protéase, mais l’étude a été fermée prématurément en raison du faible nombre d’inscriptions.

Dans une sous-étude de la CTN 272 les participants subissent une imagerie cardiovasculaire détaillée par tomodensitométrie afin de décrire en détail la quantité et le type d’athérosclérose présente dans leurs artères coronaires. Cette étude a démontré que les maladies cardiovasculaires se présentent différemment chez les personnes vivant avec le VIH par rapport aux personnes séronégatives. L’exploitation de la biobanque de la CTN 272 et le partenariat avec des immunovirologues de l’équipe Vaccins et immunothérapies (VIT), des voies immunitaires distinctes ont été identifiées comme étant associées à une augmentation de l’athérosclérose chez les personnes vivant avec le VIH, et pourraient un jour conduire à de nouvelles cibles thérapeutiques.

L’activation immunitaire et l’inflammation chroniques continuent d’avoir un impact sur la santé cardiovasculaire, ce qui en fait un sujet de recherche permanent. L’étude Niaspan (CTNPT 006) a examiné l’effet de la niacine à libération prolongée (vitamine B3) sur l’activation immunitaire, avec pour objectif secondaire d’évaluer les modifications du cholestérol, des triglycérides et des scores neurocognitifs. Bien qu’il ne soit pas directement lié à la santé cardiovasculaire, l’équipe VIT du Réseau poursuit ses recherches sur les interventions visant à réduire les réservoirs viraux, l’inflammation et l’activation immunitaire.

L’essai REPRIEVE (A5332, la CTN 293 – Randomized Trial to Prevent Vascular Events in HIV [Essai randomisé pour prévenir les événements vasculaires liés au VIH]) est la première étude multinationale de phase IV à grande échelle visant à tester une stratégie de prévention des maladies cardiaques chez les personnes séropositives. L’étude visait à recruter 6 500 participants aux États-Unis, au Canada et en Thaïlande sur une période de six ans. L’étude vise à déterminer si les personnes séropositives devraient se voir prescrire des statines à titre préventif, même si elles n’y ont pas droit selon les directives actuelles.

Pour plus d’informations sur le VIH et les maladies cardiovasculaires, voir cet article de CATIE.

Santé osseuse

Au début des années 2000, le Réseau a participé à la grande étude internationale SMART (Strategies for Management of ART) (la CTN 190). L’étude SMART comprenait plus de 300 sites dans 33 pays; le Réseau était chargé de gérer les 10 sites canadiens. À l’époque, les médicaments de TAR disponibles étaient plus toxiques et provoquaient des effets secondaires importants. L’objectif principal de l’étude était de comparer l’efficacité de la prise de TAR seulement lorsque nécessaire (utilisation épisodique) par rapport à l’utilisation continue de TAR. Comme nous le savons aujourd’hui, les personnes dont le traitement antirétroviral est interrompu ou sporadique sont plus susceptibles de connaître des résultats cliniques indésirables que les personnes qui respectent strictement leur régime. En raison de ce résultat, l’étude a été interrompue prématurément et les participants ont été encouragés à utiliser le TAR de manière continue; les données de cette étude ont été utilisées dans plus de 30 publications de recherche. Un intérêt particulier pour le domaine du VIH et du vieillissement était la constatation d’une sous-étude SMART selon laquelle le traitement antirétroviral continu réduit la densité minérale osseuse (DMO) par rapport au traitement antirétroviral intermittent.

La perte de DMO se produit avec l’âge, faisant de l’ostéoporose (fragilité osseuse) l’une des maladies les plus courantes liées au vieillissement. L’ostéoporose et la perte de DMO sont plus fréquentes et plus graves chez les personnes vivant avec le VIH. Le virus peut augmenter la perte de DMO directement par ses effets immunitaires et inflammatoires. Les facteurs de risque d’ostéoporose (par exemple, un faible poids corporel et le tabagisme) peuvent également être plus fréquents chez les personnes séropositives. Certains médicaments antirétroviraux peuvent également contribuer à une augmentation du taux de perte de la DMO. Depuis l’étude SMART, le Réseau a lancé deux essais pilotes pour étudier la santé osseuse et le VIH.

La CTNPT 001, le premier essai pilote du Réseau, a comparé les caractéristiques osseuses des personnes vivant avec le VIH avec et sans antécédents de fracture. Cette petite étude suggère qu’il pourrait y avoir une différence dans la structure, la santé et la fonction des os entre ces deux groupes et a exploré de nouvelles techniques qui pourraient être utiles pour évaluer la santé des os.

La CTNPT 021 l’essai pilote BATARI, a examiné l’effet d’une thérapie anti-résorption osseuse (alendronate avec vitamine D) pour prévenir la perte de DMO au cours de la première année du début du traitement contre le VIH. La première année du traitement antirétroviral est celle où se produit la plus grande partie de la perte de DMO et l’essai pilote BATARI espère aider à la conception d’un essai clinique de plus grande envergure. En tant qu’étude pilote, les résultats de cette étude contribueront à l’élaboration d’un essai de plus grande envergure et montrent la bonne faisabilité, l’acceptabilité, l’adhésion et la tolérabilité de l’alendronate associé à la vitamine D chez les personnes vivant avec le VIH.

La CTNPT 043 exploite les données et les échantillons de la CTN 272 pour étudier le système endocannabinoïde chez les personnes vivant avec le VIH et les témoins séronégatifs, afin de voir si les niveaux d’endocannabinoïdes sont associés à la présence de maladies cardiovasculaires. Le système endocannabinoïde est un acteur clé dans le maintien et la fonctionnalité du cœur et des vaisseaux sanguins.

Le taux de perte de DMO peut également être affecté par le type de TAR qu’une personne prend. La CTN 299 a examiné l’efficacité et la sécurité du passage du fumarate de ténofovir disoproxil (TDF), un médicament connu pour augmenter la perte de DMO, au ténofovir alafénamide (TAF) chez les femmes séropositives péri-ménopausées. L’étude a également analysé si l’efficacité de la commutation est affectée par la ménopause, une phase de la vie au cours de laquelle les femmes connaissent une forte baisse de la DMO. Les résultats suggèrent que les femmes prenant du TDF peuvent avoir une DMO plus faible que celles prenant du TAF, mais que le passage au TAF peut aider à rétablir la santé osseuse.

Fragilité

La fragilité est un état d’épuisement général de l’organisme associé au vieillissement, qui se traduit par une diminution de la capacité à faire face aux facteurs de stress et un risque accru d’événements indésirables pour la santé. Les causes exactes de la fragilité, et si elles sont distinctes chez les personnes vivant avec le VIH, sont inconnues. La CTN 272 et la CTN 314 mesurent la fragilité de manière prospective chez leurs participants. Couplées à la disponibilité de bioprélèvements, les chercheurs espèrent que ces informations permettront d’identifier les voies spécifiques qui peuvent conduire à un risque accru de fragilité.

La santé du cerveau

Malgré la suppression virale, l’observance du traitement antirétroviral et les soins cliniques appropriés, la santé du cerveau peut être affectée par le VIH. Les taux de déficience cognitive et de troubles de la santé mentale sont plus élevés chez les personnes séropositives de plus de 50 ans que chez les personnes séronégatives. La fonction cérébrale peut être affectée par la réplication virale, l’inflammation, les effets toxiques du traitement antirétroviral, d’autres comorbidités, ainsi que par la dépression, le stress et la consommation de substances.

La santé du cerveau maintenant! La (CTN 273) a été mise en œuvre dans le but général d’identifier, de comprendre et d’optimiser la santé du cerveau des personnes vivant avec le VIH. La CTN 273 comptait près de 1 000 participants et aide les chercheurs à affiner la façon dont la santé du cerveau est mesurée, ses déterminants et la façon dont elle se manifeste chez les personnes de plus de 35 ans. Cette étude est également extrêmement utile pour identifier les participants éligibles pour des sous-études visant à tester de nouvelles interventions. L’une de ces sous-études était la CTNPT 026 une étude pilote portant sur 80 participants qui a évalué la manière la plus efficace de mesurer les changements cognitifs à l’aide de la neuro-imagerie. L’équipe de recherche a découvert que l’imagerie par électroencéphalogramme (EEG) pendant la réalisation de tâches pouvait être un bon indicateur de la capacité cognitive chez les personnes présentant une déficience cognitive normale ou légère. Les conclusions ont également montré que la gravité de l’infection par le VIH (taux de CD4 le plus bas) est liée aux fonctions cérébrales et aux capacités cognitives.

Une sous-étude de l’étude sur La santé du cerveau maintenant a examiné l’effet d’un programme de traitement informatisé visant à améliorer le sommeil et la fonction cognitive chez les personnes séropositives souffrant d’insomnie. Le programme de thérapie numérique utilisé dans la CTN 290 couvrait les aspects comportementaux, mentaux et éducatifs des problèmes de sommeil. Les résultats de cette étude sont attendus. La CTN 290 est un exemple d’études sur le mode de vie et l’intervention comportementale appuyées par le Réseau, dont il est question ci-dessous.

La CTNPT 005 a testé l’utilité d’un outil d’évaluation neurocognitive informatisé par rapport à un test neuropsychologique standard. Pour les travailleurs de la santé, cet outil nécessite une formation minimale et peut être utilisé par les participants, quelles que soient leurs capacités linguistiques. La CTNPT 015 a étudié l’utilité de la personnalisation du TAR à partir de l’échantillonnage du liquide céphalo-rachidien des participants par ponction lombaire. Malheureusement, cette étude a été interrompue prématurément car le test s’est avéré inefficace. Comme nous l’avons vu plus haut, un objectif secondaire de l’étude Niaspan (CTNPT 006) était de mesurer l’impact de la supplémentation en vitamine B3 sur les scores neurocognitifs.

La CTNPT 029 a testé la faisabilité et l’acceptabilité d’une thérapie de groupe de remédiation cognitive chez des adultes âgés (≥40 ans) vivant avec le VIH et ayant reçu un diagnostic de trouble neurocognitif associé au VIH. La thérapie comprenait un entraînement cognitif sur tablette et des séances de réduction du stress basées sur la pleine conscience. Les résultats de cette étude pilote suggèrent que la combinaison d’activités de pleine conscience et d’entraînement cérébral peut être préférée aux sessions de thérapie de groupe standard.

Mis à part l’impact sur les capacités cognitives, la santé mentale liée à la vie avec le VIH est complexe. Les niveaux de stress, la capacité d’adaptation, la santé physique et les facteurs sociaux jouent tous un rôle important. Par conséquent, les chercheurs du Réseau et les utilisateurs des connaissances se tournent désormais vers les interventions et les mesures relatives aux facteurs et aux comportements liés au mode de vie.

Santé du foie et des reins

Le VIH lui-même ainsi que les antirétroviraux utilisés pour traiter le VIH peuvent avoir des effets négatifs sur les organes du corps, notamment le foie et les reins. Le bon fonctionnement de ces organes est important pour un vieillissement sain, ce qui fait de la recherche dans ces domaines une priorité importante. Les anciennes formulations du TAR étaient particulièrement dures pour les reins. Un premier essai pilote du Réseau, la CTNPT 007, a démontré les effets secondaires potentiels des options de TAR disponibles à l’époque et a amélioré la capacité des cliniciens et des personnes vivant avec le VIH à faire des choix éclairés quant au régime à utiliser.

Nous savons que les personnes vieillissant avec le VIH présentent des taux plus élevés de maladies liées à l’âge. Une de ces maladies est la maladie rénale chronique avancée. La CTN 326 met au point un outil d’évaluation des risques pour comprendre quelles personnes sont les plus à risque de développer une maladie rénale chronique avancée. L’un des principaux responsables de ce risque rénal serait la stéatose hépatique non alcoolique, la maladie la plus fréquente chez les personnes âgées avec le VIH au Canada. La CTNPT 035 est une étude pilote qui cherche des indices sur ce qui pourrait causer cette maladie, notamment une carence en vitamine D, fréquente chez les patients atteints du VIH, avec ou sans stéatose hépatique non alcoolique. La carence en vitamine D semble être un facteur de risque indépendant de la maladie rénale chronique avancée, et peut également augmenter le risque d’ostéoporose et de mauvaise santé osseuse. Ensemble, ces deux études visent à apporter des réponses très attendues sur la manière dont le VIH affecte le vieillissement en bonne santé.

La fécondité chez les jeunes vivant avec le VIH depuis l’enfance

Les effets à long terme du VIH et du traitement antirétroviral pendant le développement du fœtus et l’enfance ne sont pas encore connus, mais les résultats préliminaires de l’étude CARMA-ENDO (la CTN 277) suggèrent une possible réduction de la réserve ovarienne, ce qui pourrait indiquer un risque de réduction du potentiel de fertilité plus tôt que prévu au cours du vieillissement typique. L’étude FIND+ (la CTNPT 046) est une étude pilote qui évalue le potentiel et les intentions de fécondité chez les jeunes femmes et les jeunes hommes vivant avec le VIH depuis l’enfance, dans le but de déterminer s’il s’agit d’une préoccupation et de définir la nécessité et les méthodes des futures études de fécondité dans cette importante population.

La santé et le mode de vie

Des comportements sains tels que l’augmentation de l’activité physique, une bonne alimentation et la modération de la consommation de substances sont recommandés et encouragés pour les personnes de tous âges. En raison d’une susceptibilité accrue aux affections liées à l’âge, telles que les troubles cardiovasculaires et métaboliques, les personnes vivant avec le VIH peuvent bénéficier de manière significative d’une modification de leur mode de vie. La CTN 288 LHIVE Healthy, évalue l’efficacité d’une intervention en ligne pour aider les personnes vivant avec le VIH à adopter des comportements sains. À l’aide d’infirmières virtuelles personnalisées, cette étude soutiendra les participants de tous âges dans l’une des trois modifications de comportement suivantes : mieux manger, faire plus d’exercice ou arrêter de fumer.

Le tabagisme, facteur de risque de maladie cardiovasculaire, est très fréquent chez les personnes vivant avec le VIH. Le Réseau a soutenu un essai pilote (la CTNPT 008) qui a examiné l’efficacité d’un programme de conseil associé à un timbre à la nicotine pour améliorer les taux d’abandon. En examinant la dépression comme cause des habitudes tabagiques, cette étude a mis en évidence l’importance d’aborder la santé mentale comme un obstacle au sevrage tabagique et à l’amélioration de la santé globale. L’étude de suivi plus vaste financée par les IRSC, a malheureusement pris fin prématurément en raison de problèmes de recrutement.

Le respect d’un régime de traitement approprié est le comportement le plus important et le plus déterminant qu’une personne vivant avec le VIH puisse adopter pour atteindre une charge virale indétectable et préserver sa santé. C’est dans cette optique que l’étude I-Score (la CTN 283) est en train de créer un questionnaire axé sur le patient pour comprendre, du point de vue d’une personne vivant avec le VIH, les facteurs qui affectent son adhésion au traitement. Une approche personnalisée, fondée sur ce que les individus considèrent comme des obstacles au respect de leur programme de traitement et sur les difficultés qu’ils rencontrent, peut contribuer à mieux orienter les discussions entre patients et soignants sur l’observance et la modification des traitements prescrits afin de les optimiser en fonction des besoins individuels. Une étude pilote, la CTNPT 039 met en œuvre et évalue une mesure électronique des résultats rapportés par les patients dans le cadre des soins du VIH.

Équipe du Réseau de recherche sur le VIH et le vieillissement

Codirigé par la gériatre et chercheuse du Réseau, la Dre Jacqueline McMillan et les membres de la communauté Guy-Henri Godin et Michael Parsons, l’équipe de Perfectionnement de la gestion clinique sur le VIH et de développement de la recherche sur le vieillissement se consacre à la promotion du programme de recherche sur le VIH et le vieillissement avec un engagement communautaire significatif. L’équipe comprend environ 25 membres, dont des membres de la communauté, des stagiaires, des chercheurs et des organisations partenaires telles que Réaliser. Les activités et réalisations comprennent l’organisation du 3e symposium canadien sur le VIH et le vieillissement, la création d’une série de webinaires sur la douleur et le VIH, et le projet sur les métadonnées, un projet qui vise à mettre en commun la structure des données des grandes cohortes du Réseau, afin d’identifier les domaines de synergie potentielle et les collaborations entre les études. Le symposium a réuni plus d’une centaine de participants, avec des présentations de chercheurs, de membres de la communauté et de décideurs, qui ont plaidé en faveur de la poursuite d’une recherche de haute qualité sur tous les aspects du VIH et du vieillissement.